Encore des homophones grammaticaux ! Nous les employons tous les jours, et même plusieurs fois par jour. Pourtant, lorsqu’il s’agit de les écrire, ils restent là, recroquevillés au bout du stylo, pantois et hésitants : « Heu… je soude ou je soude pas ?» Pour les sauver de l’embarras, rien de tel que de faire appel à un synonyme ou un terme de même nature afin de vérifier que la phrase garde son sens.
Je vous propose quelques pistes.
Si l’adverbe auparavant s’écrit toujours en un seul mot, avec quatre a (rien à voir avec le paravent !), la locution adverbiale bien sûr s’écrit toujours en deux mots (et on n’oublie pas le ^ !). « Bien sûr, auparavant, je ne savais pas tout cela ! »
Avenir ou à venir ?
Avenir est un nom, donc toujours précédé d’un déterminant : « Que me réserve l’avenir ? », « Ne parlons pas de passé mais d’avenir ».
À venir est formé d’une préposition et de l’infinitif venir. Pour ne plus hésiter, remplacez à venir par qui viendra ou qui viendront, ou encore par un autre verbe comme aller ou arriver : « les générations à venir… », « Les générations qui viendront (ou qui arrivent …) ». « Pense à venir demain à la réunion. », « Pense à aller à la réunion demain. »
Avoir affaire ou avoir à faire ? L’emploi de ces deux locutions est bien distinct :
Avoir affaire signifie faire face, être en rapport avec : « Il a eu affaire à un truand », « Il a fait face à un truand », « Nous avons affaire à des gens compétents », « Nous sommes en rapport avec des gens compétents ».
Avoir à faire signifie avoir à effectuer ou à réaliser. « J’ai trop à faire pour aller me balader », « J’ai trop à effectuer pour aller me balader » (bon je vous l’accorde, ce n’est pas génial, mais la phrase reste cohérente !).
Le dit ou ledit ? Ladite, lesdits, lesdites, audit, auxdits, auxdites, dudit, desdits, desdites, susdit, susdits et susdites, sont des mots que l’on retrouve dans un langage soutenu ou dans la langue juridique, et ils s’écrivent toujours soudés. Ils se rapportent à ce dont on vient de parler : « Il se retrouva dehors lorsque que ladite maison fut vendue. ». « Pourquoi ne faites-vous pas référence auxdits documents ? ».
Parce que ou par ce que ?
Parce que est une conjonction de subordination qui exprime la cause. Elle peut être remplacée par puisque : « Je ne viens pas dîner parce que je boude », « Je ne viens pas dîner puisque je boude ».
Par ce que est synonyme de grâce aux choses que… : « Je suis impressionnée par ce que tu as concocté pour notre dîner », « Je suis impressionnée grâce à ce que tu as concocté pour notre dîner ». (C’est aussi un peu tiré par les cheveux, mais bon appétit quand même !)
Plutôt ou plus tôt ?
Plutôt est un adverbe. N’hésitez pas à le remplacer par assez ou de préférence à : « Elle semble plutôt timide », « Elle semble assez timide ». « Je préfère le week-end plutôt que la semaine » « Je préfère le week-end de préférence à la semaine ».
Plus tôt, quant à lui, peut être systématiquement remplacé par plus tard : « Une fois n’est pas coutume, je suis arrivé plus tôt que lui », « Une fois n’est pas coutume, je suis arrivé plus tard que lui. ».
Morale : Utilisez plutôt plus tôt si vous pouvez le remplacer par plus tard ! J’espère que c’est clair…
Quelque ou quel que ?
Quel (quels, quelle, quelles) que est toujours accolé à un verbe au subjonctif. « Quelles que soient les conséquences, je ne ferai pas marche arrière. », « Quel que puisse être son jugement, je ferai ce que je veux. »
Quelque veut dire environ, une certaine quantité, devant un groupe nominal contenant un nombre : « Il est cloîtré depuis quelque dix ans. », « Il est cloîtré depuis environ dix ans. ». « Il lui a fallu pour cela quelques provisions. », « il lui a fallu pour cela une certaine quantité de provisions. ».
Quoique ou quoi que ?
Quoique suivi d’un verbe au subjonctif est synonyme de bien que : « Il dort beaucoup quoiqu’il ne soit pas fatigué. », « Il dort beaucoup bien qu’il ne soit pas fatigué. », « Elle mange peu quoique les mets soient appétissants. », « Elle mange peu bien que les mets soient appétissants. ».
Quoi que peut être remplacé par quelle que soit la chose que… « Quoi que je dise, tu n’es jamais d’accord. », « Quelle que soit la chose que je dise, tu n’es jamais d’accord. ». *À noter que bien que est beaucoup plus joli à l’oreille que quoi que.
Si tôt ou sitôt ?
Si tôt en deux mots s’oppose à si tard. « Il est arrivé si tôt qu’il n’a vu personne. », « Il est arrivé si tard qu’il n’a vu personne. »
Sitôt est employé dans le sens de aussitôt que, dès : « Sitôt qu’il est midi, il prend son chapeau et rentre chez lui. », « Dès qu’il est midi, il prend son chapeau et rentre chez lui. » Les expressions sitôt dit, sitôt fait, s’écrivent donc bien avec sitôt en un mot.
Je voudrais terminer par une petite erreur de langage, courante dans notre Sud-Ouest peut-être plus qu’ailleurs : de suite au lieu de tout de suite. Bien sûr, quand on entend : Je le fais de suite, tout le monde comprend : Je le fais tout de suite. Mais de suite, signifie d’affilée, alors que tout de suite signifie immédiatement. « Il commande toujours deux bières de suite. Va prendre sa commande tout de suite ! », « Il commande toujours deux bières d’affilée. Va prendre sa commande immédiatement ! »
À la vôtre !
*Pour écrire cet article, je me suis inspirée des ouvrages : « Optimiser son score au Certificat Voltaire » De M.F. Claerebout et de « La bible du Certificat Voltaire » de Julien Soulié.